Les Indignés- Séville, 19 Juin 2011
« Nous ne partons pas, nous nous développons. »
Quelque jours auparavant, "Ils" se retiraient officellement des places publiques, occupées et investies en assemblées pacifiques depuis le 15 Mai 2011. "Ils" vidaient les lieux, non sans préciser que les campements n'étaient pas des fins en soi, et que le mouvement se ramifierait et vivrait, organisé dorénavant dans tous les quartiers d'Espagne. D'Europe, plus largement. 
"Ils" car sans âge -type, ni rang social dominant. Une somme d'individualités diverses, plusieures dizaines de milliers en fait, à réclamer une démocratie réelle, en manifestations pacifiques et spontanées. Leur revendications: les partis politiques ne les représentent pas, et ils dénoncent un déphasage entre système capitaliste, pactes économiques, mesures d'austérité et aspirations citoyennes. Le mouvement part d'Espagne, il est massif, se réclame du Printemps arabe, et le modèle s'exporte en Europe. (Quand on part de Lisbonne, on apprend que la place Rossio est investie par Les Indignés).
Le 19 juin, on les retrouve in vivo, plaza de España à Séville, organisés en marche, lors de la journée de mobilisation internationale. Les rues sont pleines, archipleines. Refus d'appartenir à des institutions dépassées, manques de moyens + volonté de coller à ses idéaux = chacun exprime son indignation comme il l'entend, d'où le foisonnement visuel: des banderoles, panneaux, affichettes sont faites de bric à broc multicolores, elles rivalisent de créativité.
On gare le Janot, à quelques mètres de la procession. Puis on se part chacun de son côté, pour le vivre de son strict point de vue. On se fond dans la marée humaine, sous les sons de tambourins. Quand on se retrouve,qulelques heures après, on évoque tous les deux les sourires, l'état de liesse et d'ambiance familiale. La page d'histoire que cela peut tourner. Une manif détendue et concrète, en expression libre, c'est puissant. En Espagne en tout cas, l'énergie qui passe
Utopique? naïf/ niais? faiblard? idéaliste? On sait: le départ de Pianotrip a été ciblé sous les mêmes hospices. On est pourtant prévenus. Le monde bouge, nous y avons tous part..il ne faudrait pas l'oublier.
Le livre de référence: Indignez-vous!, Stephane Hessel, Indigène Editions, octobre 2010 (tirage record de 950.000 exemplaires)
Le site internet (France): http://www.indignez-vous.fr/
El Rocio- España, Provincia de Huelva, Andalucia, Juin 2011
"Que pasa por acqui?" A ma question encore fragile de quleques restes portugais, on se fait alpaguer par une voix tonitruante:
-...Pero! Guapa! Pero eso es un fénomeno MUNDIAL! Un Milion de personas estan en camino hasta allà! Un milion! Como que no se pueda ignorar?"
On est dans le plus gros rassemblement national de pélerins, qui affluent en charettes et s'installent une semaine dans un hameau éponyme, rattaché à la commune d'Almonte, dans la Provincia de Huelva . Une tradition religieuse riche en folklore musical, fiesta et coutumes locales.
Sur l'avenue, des carioles, des roulottes et des attelages se succèdent en marche. A l'avant: des chevaux et des hommes, en campero. Les femmes encorsetées dans leurs bata, suivent ou sont installées à l'arrière. Par groupe, elles entament à l'arrêt des chants flamencos traditionnels: Les sevillanas. 
Les charettes sont le lieu de vie durant tout le périple, elles appartiennent à des confréries disséminées dans tous le pays (même à l'étranger). Le plus souvent, on s'y embarque par groupe d'amis.Toutes se mettent en route, à pied, en cheval, calèche, ou en roulottes, pour converger à l'hermitage d'El Rocio, sur un chemin de terre et de sable, où s'enchaine une semaine de processions religieuses, de terroir, de musique et fiesta..à la recherche "del Amor" n'arrête-t-on pas de nous repréciser bien vite. (La drague andalouse n'est pas un mythe et s'accomode avec tenacité à toutes les sauces).
Nunca é tarde- Juin, Portugal, Enième sommet de trip
La traduction parle d'elle même: Il n'est jamais (trop) tard.
Un père et un fils originaires de Lisbonne, s'embarquent en Road trip : un tour d'Afrique en ..4L. Partis justement d'un trip à la fin d'un dîner. Une histoire qui commence par un: "Et si.."
Carlos- père a toujours eu une vie rangée et une carrière d'ingénieur impecc'. Il est (enfin) à la retraite, mais ses 70 ans, il n'envisage pas de les fêter dans un rocking chair.
.. Ca tombe bien, parce que le jour de ses 70 ans, un piano s'est posé à son réveil pour lui fêter tout ça..avant qu'il s'embarque le même jour pour l'Afrique. (Aaaaaaaaaaaaaah!)
Carlos- fils, c'est un voyagaeur endurci à qui on ne la fait plus, il parcourt le monde depuis de nombreuses années.
On les a rencontré le dernier soir avant de passer en Espagne. Une soirée explosive, on est repartis avec des ressorts sous les chaussures, des deux côtés, le lendemain. Blindés d'une énergie brute de Pomme.
Ils sont en ce moment au Mali. Des chroniques graphiques sont fréquemment mises en ligne par le troisième larron: Paolo qui s'est embarqué à faire les dessins de l'aventure.
Leur site web: http://www.nuncaetarde.com
Leur teaser:
Nids de cigogne- Tout au long de la traversée
Leurs nids géants qui s'érigent commes des symboles de liberté, un défi aux constructions humaines, un hommage à l'improbable. Devenu un repère temporel, sur la partition de la route.
Alentejo, mai 2011
Andalousie, sur la route de Séville, juin 2011
Bulgarie, Roumanie, Grèce.
Portugal, Fado actuel
Ana Moura, Os Buzios
Une piste qui nous a collé à l'oreille, à beaucoup de reprises, et qui nous renvoie directement au pays, quand on la rencontre fortuitement, à l'oreillette du lecteur mp3, en pédalant.
Lisboa- Avril 2011
Portrait
Cristiano, journaliste, trentenaire. La première personne à nous ouvrir les portes de la ville. Rencontre entre anonymes, sous pluie battante devant une gare. Une lutte nocturne pour héberger l’embarcation dans le quartier d’Alfama. Pourtant des idées, il n’en manque pas, Cristiano. Les ruelles trop étroites/ pentues à outrance et les pavés insoumis auront raison de nos efforts. Le Janot termine au poste de Police, Ok pour la nuit. La porte de son appartement qui s’ouvre, un verre de porto. Puis la discussion arrive, enfin le temps se dévoile. Pleins d’autres se suivent en file indienne: des discussions et du temps.
D’abord critique musical rock, actuellement au secteur attaché à la vie sociale d'un quotidien national. Passionné de vélo, de voyage, mué d’une curiosité positive dont il a fait son outil de métier. Les ruelles d’Alfama n’ont pas vraiment de secret pour lui, pas plus que les gens qui l’animent. La ballade ensemble le lendemain au réveil est passionnante: « Tu vois ce petit store fermé et ce mec? Avant, ce mec, c’était un hyper capitaliste, Pdg de grande multinationale. Et depuis la retraite, il peint ici, dans un tout petit atelier qu’il a ouvert. Des fois, il arrive ici en Jaguar, avec chauffeur, et puis il va manger une bifana avec toi. Hallucinant le mec... »
Cristiano suit l'itinéraire du piano depuis le tout début. Un mot sur facebook, qu'il nous avait posté incognito bien avant le départ :« j’espère un jour entendre Liszt résonner dans les rues de la ville avec ce piano ». Se retouver et se rencontrer ffinalement: Une belle histoire, vu les probabilités de se retrouver dans les réalités à franchir. Il nous guide dans la ville, nous montre des lieux possibles qu’il a déjà imaginé. Avec lui, pas besoin de téléphone portable ou d'internet: on se croise toujours quand il faut, à l'improviste total, au beau milieu d'une rue, à n'importe quel moment de la journée! (4 fois au total). Il a traduit les lettres qu’on a adressées à l’Oceonario.a tout tenté pour qu’on joue aussi tout en haut du Cristo Rei, le monument mythique de la ville qui surplombe toute la baie...
Musique Portugal : 25 Avril, Commémoration de la Révolution des oeillets
Grandôla, Zeca Alfonso
A Benfica, Chez Antonio, le tourne-disque tourne dans le salon, pendant qu'on prépare un bon canard. 25 avril 1974, la révolution s'est mis en marche sous cette chanson, en guise de code. Les militaires prennent position peu à peu de la ville, contraignant la dictature de Salazar à renoncer au pouvoir. Dans leur progression au sein des murs, soutenue en masse par la population, on raconte qu'une vendeuse de fleurs sur la place a silencieusement mis un oeillet rouge dans le canon du fusil d'un soldat. Un geste qui a ainsi passé le message général qu'une révolution oui, mais dans le sang non. L'oeillet a été adopté par tous comme symbole. La révolution des oeillets, une des rares révolution pacifique en Europe. D'un pays dans le monde, plus généralement.
Cuisine portugaise- Le Pastel de Nata
Portugal: Le Fado d'Amalia - Medelim, Avril 2011
